HISTOIRE(S)
Pas de bol, cette interview à propos des Bonnes Bases par Mathieu Berthault pour THE TWO PINES, une revue en ligne super sympa mais dont le site vient de fermer, n’était plus accessible depuis cette fin aout (2018)…
Alors on re-publie l’article ici : ce fut l’occasion d’en raconter plus sur notre initiative, on lui donne un petit extend !
Du coup, voici la rubrique souvenir ! — on fait des histoires 😉
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“LES BONNES BASES :
rencontre & planches à roulettes”
” Vous vous souvenez de ce collier de coquillage que vous conceviez spécialement pour votre maman ? Ces heures passées à trouver la plus belle forme, à retravailler l’ensemble à unir la partition et à finir la coloration de l’objet… Elle était belle cette époque où le travail se faisait avec les mains et se terminait par beaucoup de coeur. Dans ce Numéro 03, nous avons eu la chance de découvrir une marque de “planches à roulettes” qui fabrique ses objets avec beaucoup d’attention. Pour ne pas trop vous en dévoiler avant de rentrer dans l’interview, nous voulons simplement mettre en avant la philosophie qui règne chez Les Bonnes Bases. désirer faire , adhérer oser, subir exiger. Depuis leur camp de base situé à Cherbourg, nous avons laissé ses fondateurs nous en dire plus sur leur vision du skate, de l’artisanat et de tout ce qui peut enivrer leur monde si graphique. On se rend rapidement compte que le skate n’est pas simplement une question de planche et de roulettes.

– Nous vous avons découvert à Paris, aux Ateliers Paris, et l’envie d’en savoir plus est née. Alors qui se cache derrière Les Bonnes Bases et comment la marque a vu le jour ?
Comme tu l’as dis, LES BONNES BASES cache notre besoin d’inviter à faire plutôt faire que désirer, à oser plutôt qu’adhérer, et à exiger plutôt que subir : notre projet est né du constat que nous croulons sous une quantité d’objets à la valeur éphémère, que nos avis sont préparés, au point qu’il nous devient même difficile de regarder ce qui nous entoure avec un regard neuf. LES BONNES BASES cache un skateboard qui propose d’être un peu plus critique et exigent dans nos choix : quelque chose doit se passer ! Notre intention est de réveiller quelques regards, d’inviter à toucher et ressentir de vraies émotions, à interpréter et imaginer l’intention qui les motive et peut-être faire naître l’ambition de donner du (bon) sens aux choses… C’était évidement utopique d’imaginer que nous pourrions réveiller les consciences avec des roues et du bois. On démontre au moins qu’il est possible de ne pas reproduire les modèles usés par nos voisins, en proposant d’agiter nos neurones autant que nos sens.
Voilà pourquoi nous en sommes là ! on s’est juste fait emportés par une envie qui nous motive toujours autant !

– Basé à Cherbourg, on sent à travers la marque une certaine fierté de vos racines. Un site qui se termine en .ch, des objets dérivés qui mettent clairement en valeur la ville… C’est une belle manière de dire aux gens que tout ne se passe pas forcément dans le sud-ouest non ?

.CH !
– Ce qui m’a beaucoup plus dans votre “À propos” c’est cette petite phrase d’introduction qui se ponctue d’un “de sérieuse raisons d’exister”. Vous a-t-on dissuader de lancer la marque ou est-ce simplement la volonté de dire que travailler avec son coeur et ses mains est encore possible ( et doit l’être !) ?
Ca nous a d’ailleurs pris beaucoup de temps pour les dessiner, parfaire les moules, choisir pour chaque shape le bon concave, les tails et noses relevés comme il faut, le bon flex,… Mais au-delà de leur fonction évidente, on s’applique à leur donner d’autres raisons d’exister. L’idée maitresse est que leur valeur soit une valeur perçue, rien à voir avec quelque chose de reconnu. Exit les Simsons à poil ou les spiderman tous lisses, les têtes mexicaines ou les graphs en séries… On ne connait pas notre nom, on s’arrête juste pour observer, toucher, interpréter, imaginer, réagir, profiter. C’est très personnel, le lien peut devenir viscéral, c’est jouissif de filer avec ! On fait tout ça pour dire « faites pareil ! », dès que vous entreprenez un travail, soyez ambitieux et appliquez vous ! Ce qu’on obtient vaut le coût ! Ok, ça prend du temps. Chaque modèle est longuement réfléchi : il faut choisir les essences de bois, encoller les feuilles, presser , surveiller le refroidissement et le séchage, découper, poncer et vernir plusieurs fois… et le Quel message, et sous quelle forme ? quelle portée (au premier degré comme au 10ème) ? puis graver, nettoyer et homogénéiser et vernir les fonds, et enfin équiper les plateaux… Tout ça pour n’en éditer que quelques exemplaires (parfois un seul), on s’attache à chaque planche. Cette édition ultra-limitées accompagne notre démarche : cela oblige à choisir, à prendre une décision qui engage la suite (ne plus jamais la retrouver si on a pas osé par exemple). Ce ne sont pas des pièces uniques pour en faire des oeuvres ; c’est juste comme nous, des pièces différentes auxquelles on peut se lier pour de vrai affinités.

– Si on remonte le temps, à quoi ressemblait la première board ? Celle d’où la marque est née ? Je suppose qu’il y a dû avoir des tests maisons avant de commencer ?




– La carte présente sur votre site en dit long sur le taff qui peut se cacher derrière la planche, pouvez-vous nous en dire plus sur le processus ? Sur la rencontre avec les fournisseurs, le lancement … ?
Nous travaillons ensuite sur le visuel et sur son sens ; du temps et des esquisses plus tard, nous les gravons, et après quelques étapes de finition, nous les équipons avec du très bon matériel.
On travaille principalement avec Polster (marque Allemande), et avec Caliber basé à Santa Cruz en Californie pour les trucks. Nous avons un panel de roues intéressantes, mais nous adorons les roues Blood Orange (issue de la descente, une vrai gomme et une finition impeccable).

– Maintenant que vous concevez vos propres “planches à roulettes”, quel est le sentiment que vous ressentez quand vous roulez sur une de vos planches ? Fierté non ?

– Dans notre échange de mails, vous m’avez clairement séduit avec cette phrase : “ LES BONNES BASES grandissent au milieu de nos passions pour le surf, la mer, notre nature puissante”. Je vous laisse m’en dire plus, l’eau à la bouche…
Vivre ici nous permet de vivre cette nature tous les jours. On fait pas mal de surf, de skate bien sûr, de voile mais aussi tout ce qu’un terrain de jeu aussi intéressant a à offrir (pêche, rando, trek, vélo…). Bref, quand on n’est pas au boulot, vous savez où nous trouver !

– Et si maintenant on se tourne vers l’avenir… Je suppose que vous avez des envies pour demain, des objectifs et encore pleins de rêves non ?
On espère surtout continuer à faire des kilomètres sur ces bonnes bases, rencontrer du monde, et tacher de continuer à envisager ce qui s’offrira à nous avec un oeil neuf : tout est possible ! ”
C'EST DIT
